mercredi 30 novembre 2011

La fabuleuse histoire des rhinogrades



En 1941, Einar Pettersson-Skämtkvist, un pilote suédois évadé d’un camp de prisonniers japonais, échoue sur la petite île de l'archipel de Hi-iay, dans le Pacifique oriental. Si on oublie le fait que cet aviateur tua toute la population de l'île à cause d'un mauvais rhume qui leur aurait transmis, on retiendra de son aventure la découverte d'une nouvelle classe de mammifère: les rhinogrades.

Le Rhinograde ou Nasin est morphologiquement caractérisé par la présence d'un appendice nasal particulièrement développé - le nasarium - ayant des fonctions nombreuses et variées, et servant en particulier d'organe locomoteur. Voici quelques exemples pour bien comprendre leur particularité:

L'Oreille-volant (Otopteryx volitans) peut voler en battant des oreilles à un rythme rapide, il peut ainsi poursuivre et capturer des insectes volant rapidement, jusqu'à une vingtaine de mètres d'altitude. Comme il vole à reculons, son nez lui sert de train d'atterrissage.

Le Queue-mielleux gris dorée (Dulcicauda griseaurella) est sédentaire par obligation: il demeure le nez planté à l'emplacement qu'il avait choisi dans son jeune âge. De son nasarium s'écoule une sécrétion orangée qui se solidifie en formant une colonne, la sella, ce qui le hausse lentement. La sécrétion gluante et fruitée qui exsude de sa queue attire les insectes, qu'il dévore. 


Le Nasin sauteur (Hopsorrhinus aureus) compte parmi les Rhinogrades les plus communs. Il peuple toutes les plages de l'archipel. La pince qu'il possède au bout de la queue lui sert à capturer les petits crustacés dont il se nourrit. Le nez s'est transformé en un puissant organe sauteur, qui lui permet de aire des bonds d'un mètre.


Le Reniflard chuintant (Emunctator sorbens) reste sûrement mon préféré. Il pêche dans les cours d'eau à l'aide de sécrétions visqueuses qui s'écoule de son nez, formant un piège pour les insectes aquatiques et les petits poissons. Il renifle fortement pour "remonter la ligne" d'où son nom.

Malheureusement la population entière de ces petits mammifères fut exterminée à cause d'essais nucléaires lancés dans les environs de l'archipel au début des années 1950. La perte fut énorme pour le monde scientifique, Seul l'ouvrage posthume du Dr Harald Stümpke - Anatomie et biologie des Rhinogrades - qui avait étudié ces petits rongeurs, continue d'entretenir leur mémoire.
Du moins voici la version enjôlée de l'histoire, car en réalité ces mammifères n'ont jamais existé! La supercherie a été révélée bien plus tard. Bien qu'écrit comme un vrai ouvrage scientifique avec des schémas, des descriptions anatomiques ou encore les habitudes alimentaires de ces petits rongeurs, l'ouvrage du Dr Stümpke n'est reste pas moins qu'une immense farce destinée à la communauté scientifique de l'époque.

 

Ce canular stigmatise l'attitude dogmatique de la science selon laquelle la théorie tient lieu de réalité. La découverte de cette faune hors du commun posait alors de nombreuses questions, et contraignait  notamment à réviser toute les théories sur la vitesse de l'évolution, développées par Darwin. Même si encore aujourd'hui, certaines personnes défendent l'existence des rhinogrades, il y a peu de chances donc se retrouver nez à nez avec l'une de ces bestioles.



Source: venarecci , futura-sciences


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